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NAPLES, VILLE MIROIR

avec Alex Arnou

Etranges étrangers

Encadré par:

Sophie Delay

Raphaelle Hondelatte

  En 1972, Adrian Maben filme la perfomance de Pink Floyd à Pompéii. Le groupe de musique s’installe dans l’amphithéâtre de la ville en ruine pour y donner un concert sans public, un «anti-Woodstock». Le concert commence avec les morceau Echoes, sur un zoom très lent, cadrant d’abord l’ensemble de l’arène pour aller jusqu’au batteur, au centre de l’amphithéâtre. Cette transgression de l’échelle et du temps, ainsi que le lieu et la configuration choisis pour cette représentation nous laisse penser qu’il s’agit d’un acte introspectif et transcendantal, qui s’interroge sur les forces qui régissent le monde. A travers l’interprétaion du morceau Echoes, le groupe révèle le traumatisme qu’ont subi les habitants de Pompéii, décimés par l’éruption du Vésuve.

 

  Outre cette révélation émotionnelle, nous avons pu observer un révélation matérielle à travers le travail des archéologues à Pompéii. En coulant du plâtres à l’intérieur des cavités qu’ont laissé les corps recouverts par les cendres, on obtient des empreintes de corps humains figés dans leur mort. C’est notamment dans le film de Rosselini, Voyage en Italie, que Katerine, qui se découvre à travers la visite de Naples, est totalement bouleversée à la vue de ces statues. On peut alors effectuer un rapprochement avec la notion « inquiétante étrangeté» de Freud inspiré par la Gradiva de Jensen. Rattachée directement à Pompéii, La Gradiva intervient en tant que figure dialectique, faisant coincider l’Autrefois et le Maintenant.

  On constate qu’au cours de l’histoire, les Napolitains ont utilisés de nombreux souterrains de la ville afin d’y enterrer leur morts, s’y réfugier, effectuer des cérémonies, mais aussi pour y dévlopper des activités parallèles liés à la Camorra. Deplus, on dit qu’à Naples, tous les palais sont construits avec les pierres de leur propre sous-sol. La ville de Naples serait donc une ville mirroir. Une ville qui possède une soeur obscure, enfouie, secrète et mystérieuse. Nous constatons également qu’il s’agit à la fois d’une ville qui craint et chéri les forces telluriques. Il existe un rapport dessus-dessous, conscient-inconscient, caractéristique de la ville de Naples que nous souhaitons révéler.

  Nous sélectionnons pour notre intervention la Crypte Napolitaine, creusée au début de l’Empire Romain par l’ingénieur Lucius Cocceius, afin de relier Neapolis à Puteolis. Le tunnel est creusé dans dans la direction Est-Ouest, ce qui permet son éclairage naturel à travers la colline lors de chaque équinoxe. La crypte suscite dès lors de nombreux mythes, et devient lieu de cultes voués successivement à Priape, Mithra, puis la Madonne Odgitria. Ces divinités ont toujours un rapport à la lumière, et la Madonne est représentée entre une lune et un soleil, une constellation reliant ces deux éléments opposés.

 

  Notre intervention consiste à ré-ouvrir la crypte, aujourd’hui fermée au public, et au niveau de chaque entrée, excaver deux espaces de représentations, des scènes linéaires destinées à des manifestations laiques, paienne ou religieuses. La configuration peut ainsi générer des spectacles et rituels singuliers, par et pour le lieu.

 

  En surface, nous révélons le tracé et la profondeur de la crypte à travers des excroissances alignées dans l’axe Est-Ouest, qui naissent sur les terrains libres et boisés de la colline. Leur géométrie et organisation s’inspirent du tombeau présumé de Virgile, situé à l’entrée Ouest de la crypte, et des Nuraghes, édicules pré-historiques italiens? Ces édifices telluriques sont construits à partir de leur propre sous-sol, avec les pierres excavées dans les souterrains. Les logements fonctionnent par association de pices émérgées et immergés, utilisées au bon vouloir des habitants, et toujours reliées entre elles par des accs privés. Ces logements s’enracinent sur la crypte, accessibles grâce à des ascenseurs ou funiculaires. Des programmes publiques de loisirs, bien-être, et culturels s’insèrent le long de ces accès, entre la crypte et la surface.

Nous proposons donc un voyage horizontal, entre les quartiers Piedigrotta et Fuorigrotta, que tout oppose. Egalement vertical, le voyage s’effectue à travers les strates géologique de la colline du Pausilippe. La profondeur exploitée cherche alors à générer différentes sensations, passant de l’angoisse au fantasme. 

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